DEDITIO
En remarquant ma présence, mon oncle s'est empressé de m'éloigner et de refermer la porte derrière nous. Il avait posé un genoux au sol pour se mettre à ma hauteur, une main sur mon épaule qu'il serrait légèrement. «Ta maman est très malade et a besoin de beaucoup de calme et de repos. Je vais t'emmener chez ton père le temps qu'elle guérisse. Dès qu'elle ira mieux, je te jure que je reviendrais te chercher et tout sera comme avant..» Quint ne jurait pas la légère... Et il n'avait pas pour habitude de mentir. Alors je l'ai cru. Pourtant c'était impossible pour moi de me séparer de ma maman. De celle qui au final était resté avec moi. Enfant peureux que j'étais, c'est dans les cris et les pleurs qu'on me confia à mon géniteur.
Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir abandonné. Comme si personne ne voulait de moi. Je me sentais responsable aussi. Était-ce moi qui avait tellement fatigué ma mère qu'elle n'arrivait même plus à bouger le petit doigt ? Tellement de questions, mais aucune réponse. Mon père lui-même ne savait pas ce qui se passait. Tout ce qu'il savait c'est qu'il devait s'occuper de moi quelques temps. Probable que mon oncle l'ai menacé pour qu'il accepte...
Je l'ai suivis durant une année, mais j'avais d'avantage l'impression de fuir quelque chose que de simplement voyager pour le plaisir. Une sorte d'aura maléfique qui nous poursuivait partout. Puis j'ai finis par devenir un poids dans cette cavale. Alors il m'a simplement laissé chez une "vieille amie" qui s'occupait d'un genre de maison pour gamins en difficultés ou en attente d'adoption. Abandonné une fois de plus, j'ai passé 2 ans muré dans le silence, à laisser ma rage bouillonner à l'intérieur de moi. Ce n'était pas moi le fautif, c'était LUI. Petit à petit, tout devenait clair. Je comprenais enfin ce qui ce qui avait rongé ma mère et ce qui risquait de me ronger également. J'avais peur de lui ressembler, à LUI. Plus le temps passait et plus je perdais espoir qu'elle revienne me chercher. Comme me l'avait promis mon oncle. Peut-être qu'ils savaient déjà à quel point je risquais de lui ressembler... Pourtant un soir, la grognasse, appelons-la... Angie, bref, Angie était venue me chercher dans ma chambre. Toute contente de me montrer quelque chose. Je n'oublierais jamais le bonheur et le soulagement que j'ai ressentit en voyant ma mère et mon oncle m'attendre au bas des marches. Je me suis jeté sur eux, me jurant à moi-même de tout faire pour que jamais plus nous ne soyons séparés.