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INOCENTIA

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été protégé et gâté par ma famille, à leur façon très particulière de vampires outsiders. J'étais un petit prince capricieux qui ne recevait jamais de brimades malgré mes nombreuses conn... bêtises. A cette époque je ne me rendais pas compte de ce qui se passait autour de moi. Ou plutôt je préférais ne pas le voir et occuper mon jeune esprit avec des jeux et des contes. Ce qui devait bien arranger mes parents d'ailleurs. Mon père était toujours absent et les rares fois où il rentrait enfin à la maison il me racontait des histoires, me faisait le récit de ses aventures aux quatre coins du monde. Je le voyais comme un courageux explorateur prêt à traverser les océans et les déserts pour découvrir des trésors et nous couvrir de cadeaux ma mère et moi. L'innocence de l'enfance étant passée, je comprend à présent que le mot "aventure" n'avait pas le même sens dans la bouche d'un Grand et que ses cadeaux n'étaient qu'une manière pour lui de se racheter pour ses adultères.


Ma mère n'avait rien laissé paraître. Elle gardait toujours un doux sourire sur son visage quand elle était près de moi. Même lorsque je le lui faisais des caprices, mêmes quand je lui faisais des crises pour des broutilles, même lorsque, pris de colère, je lui ai hurlé que je la haïssais parce qu'elle n'avait pas empêché mon paternel de nous quitter pour de bon. Son masque était si opaque que je n'avais pas vu son cœur se briser. En fait je ne l'avais même jamais vu pleurer. Ou alors je ne voulais pas le voir. Je voulais juste que le monde tourne autour de moi et de mes désirs d'enfants.

 


Enfin si, une fois seulement. La première et dernière. Je m'étais réveillé d'un sommeil étrangement profond, même pour un vampire, avec une grosse migraine et la bouche pâteuse. C'était bien la première fois que j’éprouvais une telle sensation. Je n'avais que 8 ans alors oubliez tout de suite l'idée que je me sois bituré. Bref, comme n'importe quel enfant, mon premier réflexe à été d’appeler ma môman. Mais je n'ai eu pour réponse qu'un silence à glacer le sang. J'ai attrapé ma veilleuse et me suis diriger en titubant vers la chambre de ma mère. La porte était entre-ouverte et je n'ai pas pu résister à la curiosité de jeter un coup d’œil à l'intérieur. Elle était alitée. Le regard fixant le vide, des cercles noirs sous les yeux, les joues creuses par la famine comme si elle n'avait pas pas chassé depuis des semaines. Mon oncle Quint se tenait à ses côtés, un air grave sur le visage. Quand mon regard croisa un bref instant celui du cadavre qui remplaçait ma mère, je pu apercevoir des larmes inonder ses joues grisâtres.

 

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